Kassaman ou les dix couplets de l’espérance

Un hymne de combat, un hymne libérateur

Kassaman. Le serment a vu le jour durant la guerre de Libération nationale. L’idée de doter la Révolution algérienne d’un hymne national revient à Abane Ramdane.

 

Selon un témoignage publié le 1er novembre 1989, dans un numéro spécial d’El Moudjahid, c’est au cours d’une réunion tenue en juin 1955 chez Lakhdar Rebbah, et qui regroupait Krim Belkacem, Benyoucef Benkhedda, Bouda et Amara Rachid, qu’Abane Ramdane a exprimé la nécessité d’un hymne de combat pour le FLN. Il avait donc demandé que les poètes de toutes les régions soient contactés pour ce faire. Au lendemain de cette réunion, Rebbah et Benkhedda rencontrent Moufdi Zakaria par hasard et lui font part de la demande d’Abane. Mais le poète aurait mal réagi, car peu de temps auparavant, la communauté mozabite avait fait l’objet d’une série d’agressions que la rumeur avait attribuées à des messalistes. Et une fois le malentendu levé, le poète accepte la proposition et compose une première mouture en une nuit. D’autres sources affirment que le texte fut rédigé par le poète en prison le 25 avril 1955. La revue El Rassed, l’organe central du Centre national des études et des recherches sur le Mouvement national et la Révolution du 1er Novembre 1954, publie le texte de Kassaman et précise « poème de Moufdi Zakaria, composition de Mohamed Fawzi, rédaction : prison de Barberousse, cellule 69, Alger le 25 avril 1955 ». Quoi qu’il en soit, le poème proposé à Abane Ramdane reçoit tout de suite son approbation. Kassaman est né, reste à le mettre en musique. La tâche fut d’abord confiée à Mohamed Touri qui sollicita des jeunes choristes. L’enregistrement a été fait par Abderrahmane Laghouati, mais Abane ne trouva pas l’épreuve convaincante. L’essai fait à Tunis avec une chorale de jeunes étudiants mozabites n’emporta pas non plus d’adhésion. Le troisième enregistrement fait par l’artiste tunisien Mohamed Triki avec l’aide d’Omar Edakhlaoui, un avocat défenseur du FLN, fut tout aussi peu convaincant. Le texte arrive enfin au Caire, plus précisément à la radio Sawt El Arab (la voix des Arabes). Et c’est Mohamed Fawzi qui remportera enfin l’épreuve de la composition. Cependant, le texte de Kassaman subit deux modifications : le deuxième vers du premier couplet « Par les flots de sang jaillissant » devient « Par les flots de sang pur et sans tache » ; le dernier vers de chacun des quatre couplets « Et nous avons juré de mourir pour que vive l’Algérie » devient « Et nous avons décidé que vive l’Algérie ». L’hymne a été joué pour la première fois en 1957. Reconduit comme hymne national en 1962, au lendemain de l’indépendance, il devient provisoire dans l’article 75 des dispositions transitoires de la Constitution de 1963. « Provisoirement, l’hymne national est Kassaman. Une loi non constitutionnelle déterminera ultérieurement l’hymne national », précise le texte. Pourtant, aucun autre chant n’est venu le remplacer par la suite et jusqu’à ce jour. Mais dans les années 1980, une polémique s’engagea sur la longueur du texte et l’éventualité de le raccourcir. L’APN décidera en 1987 de le garder en entier. Il faut tout de même préciser qu’à l’époque du président Chadli Bendjedid, le couplet qui s’adresse à la France : « Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il faut rendre des comptes ! Prépare-toi ! Voici notre réponse ! Le verdict, notre Révolution le rendra » sera mis de côté tout au long de son mandat. Il ne sera rétabli que durant les années 1990, à l’époque de Liamine Zeroual.

 

 

Partition de Kassamen
Partition de Kassamen
Partition de Kassamen (suite)
Partition de Kassamen (suite)